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« Pour la dernière fois, la psychologie »
Kafka, 1914
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Du point de vue de l’art, ce constat s’impose. Et du point de vue de la santé mentale, nous sommes
aussi tentés d’entériner cette phrase énigmatique
mais percutante de l’écrivain tchèque. En effet, on
perçoit dans l’air ambiant un phénomène inquiétant
qui tend à classifier comme « pathologiques » des
comportements et attitudes qui par ailleurs nous
apparaissent plutôt comme singuliers et anodins,
quoique se situant dans la marge du convenu.
Puisque nous croyons qu’au contraire il est salutaire de se « déshabituer au consensus du quotidien », nous nous interrogeons encore et toujours sur les conséquences de cette pathologisation généralisée du vivant.
Les enjeux sont majeurs puisqu’ils portent sur la dépendance systématique de tous envers la médecine, la psychologie, la psychiatrie, les pharmaceutiques, sur une uniformisation des syndromes et de leur traitement, comme le DSM ( Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders) par exemple, sur l’exclusion sociale,
sur l’enfermement dans un monde parallèle,
fût-il en asile ou ouvert dans la rue.
L’événement DSM-V+, Dévidoir de Syndromes Magnifiques, par mimétisme avec le psychologisme qui envahit toutes les sphères de l’activité humaine, propose pareillement de questionner divers aspects de notre fonctionnement en société.
Nous avons invité des spécialistes des maladies oubliées, artistes, psychologues, intervenants communautaires, thérapeutes, anthropologues, sociologues et journalistes à porter un regard critique, humoristique, ironique, voire déviant sur les pratiques en art et en santé mentale. Notre intention est de produire un DSM-V+, comme dévidoir de syndromes magnifiques, avant la parution du prochain DSM-V officiel, prévue pour 2008. Les participants vont donc chacun à leur manière interroger les pratiques actuelles dans l’art et dans la
folie, proposer des maladies oubliées, réfléchir sur les
enjeux évidents et les dessous moins évidents de
l’emprise de la médecine et des pharmaceutiques sur nos vies et nos porte-monnaie. Nous vous proposons une programmation à volets multiples : manœuvres villageoises et interventions ruerales, performances, films et vidéos, théâtre, conférences, débat, tables rondes, installations et expositions.
Le résultat de ce gigantesque remue-méninges deviendra notre contribution dans le présent débat mondial. À l’image de la composition et des préoccupations de Folie/Culture, le Dévidoir de Syndromes Magnifiques se déploie dans différentes zones du centre-ville : la rue, Méduse, le Café rencontre centre-ville, le Musée de la civilisation, le Théâtre Périscope, l’espace
médiatique. Pour occuper cette géographie, nous
avons invité plus de quatre-vingts personnes du
Québec, de l’Ontario, des États-Unis, d’Allemagne,
de Finlande, de France et d’Angleterre. Nous avons
conçu le programme de manière à ce que le public
puisse suivre toutes les manifestations artistiques et
assister à toutes les discussions, qu’il puisse explorer
avec nous les formes et questionnements sur l’art et la santé mentale comme deux aspects névralgiques de la culture et du paysage humain.
Alain-Martin Richard
Pour le comité de programmation de Folie/Culture |
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